Peinture abstraite de format carré. Techniques mixtes sur toile signée MPOIRIER : blanc, jaune, orange, gris, bleu, violet, rouge, rose, noir.

LES BIENFAITS DE L’ART SUR LA SANTÉ

FRANK BÉRAUD, NATHALIE BONDIL, FRÉDÉRIC BOVE ET RÉMI QUIRION RESPECTIVEMENT PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MONTRÉAL INVIVO, DIRECTRICE DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES ENTRETIENS JACQUES CARTIER ET SCIENTIFIQUE EN CHEF DU QUÉBEC AU FONDS DE RECHERCHE DU QUÉBEC

«  L’art est bon pour le cerveau  » dit le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux, et nous complétons : «  L’art fait du bien.  » Quand on pense aux effets de l’art sur la santé, on réfère souvent uniquement à l’art-thérapie–une approche psychologique et sociale aidant un patient à s’exprimer par les arts. 

Pourtant, au-delà de cette pratique, les arts et les lieux culturels peuvent avoir une utilité médicale et un impact concret sur la santé, le processus de guérison et le mieux-être.

Documentée régulièrement par la recherche internationale, la liste des bienfaits de ces actions transdisciplinaires ne cesse de grandir :  soulagement de symptômes liés aux traitements contre le cancer  ; effets sur l’anxiété  ; diminution de sédatifs pour les enfants devant passer un examen d’imagerie médicale  ; amélioration de la mobilité par la danse chez certains patients…

Plusieurs études québécoises et internationales appuient d’ailleurs ces constats.

Pour les femmes vivant avec certains troubles alimentaires, une étude menée par l’Institut Douglas, l’Université Concordia et le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) démontre l’effet bénéfique d’activités au musée.

Pour les jeunes ayant des problématiques de santé mentale, la pratique artistique est un moyen efficace pour une réintégration progressive, comme le démontre l’équipe du CHU Sainte-Justine de Montréal avec son programme Espace Transition, également partenaire du MBAM.

Et ce n’est qu’un aperçu des nombreux impacts des arts dans le milieu de la santé.

Au Canada comme à l’international, les milieux médicaux et sociaux prennent de plus en plus conscience de l’influence des arts sur leurs clientèles en intégrant graduellement un ensemble d’activités. Néanmoins, il reste énormément à faire.

Ces questions de santé et de mieux-être nécessitent une approche audacieuse et multiple. À cause de leur complexité, un grand nombre de pathologies exigent des interventions dans un contexte élargi, soit l’environnement social, politique, culturel, économique et physique. Les arts sont une composante de cet écosystème de guérison. Croiser les sciences et la santé avec le domaine des arts et favoriser un dialogue interdisciplinaire sont donc des objectifs à atteindre.

Plusieurs initiatives récentes font de Montréal une place d’échanges dynamique et novatrice.

Citons par exemple les recherches menées par le BRAMS. Ce laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son, affilié aux deux universités de Montréal et McGill, et qui compte aujourd’hui plus de 35 membres de renommée internationale et une centaine d’étudiants et de chercheurs postdoctoraux, a pour objectif de comprendre comment le cerveau humain entend, réagit, joue la musique, mais aussi comment la maladie altère ces fonctions.

Quant au Musée des beaux-arts de Montréal, il se singularise dans le monde muséal par ses nombreux partenariats co-créatifs avec les domaines universitaire, hospitalier et de la recherche pour imaginer de nouvelles pratiques de guérison ou de mieux-être (troubles alimentaires, gériatriques, maladies mentales, alzheimer, autisme ou convalescence, pour n’en nommer que quelques-uns). Premier musée avec un art-thérapeute à demeure, il collabore également avec des médecins in situ sur la base de projets pilotes, dans le cadre de son nouveau Centre Art et Santé et de son comité présidé par Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec.

Les arts sont rarement associés aux sciences de la vie. Or, ces deux domaines ont beaucoup en commun. Il s’agit de deux secteurs qui ont un impact économique pour Montréal et le Québec, qui rayonnent hors de nos frontières et qui ont des retombées appréciables.

Quatre acteurs majeurs se sont associés afin de valoriser le lien transdisciplinaire de la santé et des arts : Rémi Quirion et les Fonds de recherche du Québec, les Entretiens Jacques Cartier qui célèbrent cette année leur 30e édition, la grappe industrielle Montréal InVivo qui fête son 10e anniversaire ainsi que le Musée des beaux-arts de Montréal avec son nouveau Centre Art et Santé. À cette occasion, la chercheuse Peggy Gérardin de l’INSERM de Lyon a présenté en octobre dernier une conférence inédite sur son travail liant neurosciences et arts visuels, notamment la façon dont le cerveau coordonne et interprète les informations visuelles en peinture. Cette présentation a été suivie d’un entretien croisé avec la directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, Nathalie Bondil.

* Frank Béraud, président directeur-général, Montréal InVivo

Nathalie Bondil, directrice, Musée des beaux-arts de Montréal

Frédéric Bove, directeur général, Entretiens Jacques Cartier

Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec, Fonds de recherche du QuébecCe texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. 

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