Une coupure sans censure
Au cœur de nouvelles séries d’œuvres marquées par une abstraction radicalement moderne, l’écriture se fond aux ouvertures prenant vie dans la voie d’audace propre au travail artistique de Mélanie Poirier. À même la toile, ces coupures la traversant se révèlent comme autant de brèches vers un autre horizon. La calligraphie perce avec tendresse et transparaît à travers un regard aussi sensible que lucide, se fondant aux lignes et traits qui orientent l’œuvre vers la poésie d’un sens inédit.
Représentant deux versants à l’équilibre d’une expression libre, la progression des mots épousant les brèches créées à travers le canevas nous guident à suivre les méandres de mille lueurs. Affleurant à la prunelle du temps, un songe s’approfondit dans une gravitation de l’hiver de la mémoire à l’éveil de l’instant présent. À la croisée du jour et de la nuit, ces séries d’œuvres d’une flamme vive, rayonnant d’une présence luminescente en filigrane.
À travers la descente d’un ange dans la lumière ou les contours évanescents d’une ombre en méditation, l’éclat d’un astre diaphane éclaire l’âme qui s’unit à la toile. Vertige d’un dévoilement véhément de douceur, la division d’une ouverture scindant l’œuvre à la verticale suscite l’ivresse d’une illumination. Perlant d’un courant de vérités projetées dans la douleur des vagues ouvertes, l’oraison d’hier permet l’affirmation de l’aurore d’aujourd’hui.
À l’orée verdoyante d’une clairière aux abords d’une rivière ou dans l’irruption orangée jaillissant contre la force minérale de parois délimitant le bien et mal, une authentique profusion de sens survient d’un même mouvement que les mots. L’ouverture se lie à la parole dans la nostalgie du futur, car seul l’avenir aimante la création ici. La pellicule laisse lire le négatif d’un film immémorial et l’œuvre abonde de mille visages nous contemplant en train de les regarder.
Les mots énigmatiques et incisifs fondent un univers imprévisible de mille lueurs aux beautés inattendues, comme les visages qui nous font signe dans la renaissance et le ressourcement d’un trésor de lumière vive.
Par Alexis Lapointe, rédacteur et poète, 2012